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Représentation mentale d'un autre agent

Le dialogue entre deux agents n'est possible que si les deux agents se connaissent. Si l'un des deux agents n'a aucune représentation de l'agent avec lequel il parle, le dialogue est inconcevable. Dans un dialogue réel, il y a toujours chez les deux agents une image, même réduite, de l'autre. Prenons le cas extrême de deux passants qui ne se connaissent pas. Ceux-ci se croisent dans la rue, l'un demande l'heure à l'autre. Avant même le début du dialogue, l'agent qui pose la question avait établi un contact visuel et était conscient de l'existence de l'autre agent, ce qui était nécessaire pour ce dialogue. Ceci peut paraître trivial mais il est nécessaire de le formaliser pour pouvoir simuler informatiquement le dialogue. Ce << premier contact >> est simulé de manière implicite dans la déclaration des deux agents que l'on va faire dialoguer. Mais cette connaissance reste très rudimentaire. Dans de nombreux cas, une représentation plus complexe est nécessaire. Par exemple, dans une relation entre un professeur et un élève, le professeur a besoin de savoir comment raisonne l'élève afin de pouvoir l'aider. Il faut donc absolument que les agents possèdent une image mentale de l'agent avec lequel ils vont dialoguer. Nous l'avons vu, cela permet de savoir avec qui dialoguer. Mais ce n'est pas le seul intérêt. En effet, pour que le dialogue ne se limite pas à un échange de coups générés de manière purement réactive, un agent doit pouvoir tenir compte dans le processus de génération de l'état mental de l'autre agent. Il est évident qu'une telle représentation est nécessaire pour faire de la reconnaissance de plan par exemple. Pour illustrer ceci, considérons l'exemple suivant :

Une personne veut aller à Nancy, elle demande : << Connaissez-vous l'heure du prochain train pour Paris ? >>  On peut imaginer quatre réponses possibles : << Oui >> : On répond à la question contenue dans le coup (l'acte de surface). En fait l'employé SNCF sait qu'il a affaire à un client qui veut connaître l'heure de départ du prochain train. La réponse minimale qu'il attend est donc un horaire : << 8h47 >> Si l'employé sait que le client veut aller à Nancy, il pourra répondre : << 8h47. Mais le train de 9h00 arrive plus tôt à Nancy >> : L'employé sait que le client veut aller à Nancy et suppose que s'il veut partir le plus tôt possible, c'est pour arriver le plus tôt possible. On peut pousser plus loin le raisonnement. L'employé croit que le client veut arriver à Nancy le plus tôt possible et semble vouloir passer par Paris : << 8h47. Mais le train de 9h00 arrive plus tôt à Nancy mais ne passe pas par Paris. >>

On le voit bien sur cet exemple et cela se rencontre dans beaucoup de situations, deux agents doivent avoir une certaine forme de connaissance de l'autre pour pouvoir dialoguer. Pour cela, on dote l'agent d'une représentation de l'autre agent. Soit l'agent $A= \langle KB,G,A_y,d \rangle$, où $A_y= \langle KB_y,G_y,A_z,d_y \rangle$ est la description d'un agent. Cette description fait apparaître la connaissance d'un autre agent. On pourra en effet représenter pour un agent la connaissance que l'autre agent a de lui et itérer le processus indéfiniment. Cependant, au-delà de deux niveaux, cette structure devient difficile à appréhender. Au niveau de l'implémentation, il faudra limiter la longueur de cette chaîne.

Pour prendre en compte la représentation mentale de l'autre agent, il suffit alors d'appliquer les mécanismes de simulation exposés précédemment à l'agent A et à l'agent $\tilde B_xA_y$. L'opérateur $\tilde B_x$ a ici une sémantique particulière. Ay dénote un agent qui n'existe que dans les états mentaux de A. Ay est défini comme un agent classique et l'opérateur $\tilde B_x$ permet de passer de cette description classique à la description de l'agent dans les états mentaux de l'agent A. Pour cela, il faut dans Ay permuter les rôles (x et y) puis préfixer tous les éléments de la description par la modalité Bx. Cette transformation doit aussi être réalisée dans les jeux de Ay. Formellement, l'opérateur $\tilde B_x$ est défini de la manière suivante :

\begin{displaymath}\left\{
\begin{array}{l}
\displaystyle \tilde B_x \langle K...
...lde B_x \epsilon = \tilde B_x \epsilon
\par\end{array} \right.
\end{displaymath}

E est un ensemble, $\alpha$ et $\beta$ sont des formules quelconques et $\epsilon$ une formule atomique. L'opérateur Sx,y permute les constantes x et y dans un terme quelconque.

Avec les notations précédentes, il faut aussi produire les représentations des agents A, $\tilde B_xA_y$, $\tilde B_x \tilde B_y A_z$, ...


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Christophe Delord
1998-09-02