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Actes de langage - Actes de dialogue

En linguistique, la notion d'actes de langage (voir [Searle, 1969]) est connue depuis longtemps. Pour présenter l'intérêt de la notion d'actes de langage, on se reportera à l'essai de philosophie du langage de [Searle, 1969]. Pour résumer voici la quatrième de couverture du livre :

Les individus communiquent, disent des choses, posent des questions, donnent des ordres, font des promesses, présentent des excuses... Ils ont parfois l'intention de signifier réellement ce qu'ils disent.

Pour l'auteur, parler une langue, c'est adopter un comportement, accomplir des actes de langage conformément à des règles complexes. Si le langage est un comportement, il doit être absorbé par le biais d'une théorie des actes de langage, qui rejoint ici une théorie de l'action.

Sous cet angle, cette recherche est complémentaire de celle de Chomsky, dans la mesure où celui-ci écarte de sa description de la langue le contexte extra-linguistique et même la fonction de communication, essentielle pour Searle. A travers ces conventions extra-linguistiques qui gouvernent l'usage des expressions dans des contextes donnés, on peut distinguer les relations entre ce qui est dit, ce que cela veut dire, ce que veut dire celui qui parle, etc. Utiliser le langage et parler c'est donc s'engager, assumer des obligations. Ignorer cet emploi << engagé >> des mots, c'est ignorer le langage lui-même.

Cependant, nous utiliserons ici la notion d'actes de dialogue ([Bunt, 1996,Bunt, 1994]) qui est plus large et plus adaptée au contexte2.3. Bunt distingue trois aspects de l'acte de dialogue : la forme de l'énoncé, sa fonction communicative et son contenu sémantique. Par exemple, l'énoncé << Est-ce qu'il pleut ? >>, la fonction communicative << question fermée >> et la proposition << il pleut >> ont pour effet de rajouter l'énoncé << Est-ce qu'il pleut ? >> au contexte linguistique et d'ajouter dans les croyances de l'auditeur que le locuteur veut savoir si la proposition << il pleut >> est vraie.

Les actes seront représentés par des modalités. Nous utiliserons par exemple celles du
[4] tableau 2.2.


 
Tableau 2.2: Exemples d'actes de dialogue
Acte Exemple Signification
! !xp L'agent x affirme p.
? ?xp L'agent x a posé la question p.
!? !?xp L'agent x affirme son ignorance sur p.
$\$$ $\$_x$ L'agent x n'a plus rien à dire (fermeture du dialogue).
 

On notera $\cal L$ le langage ainsi obtenu.

Nous utiliserons en plus des connecteurs de la logique classique, des connecteurs particuliers pour représenter les règles des jeux de dialogue. Une règle générale aura la forme suivante : $LHS \Longrightarrow RHS \vert COND \char93  F$

LHS :
Partie gauche de la règle
RHS :
Partie droite de la règle
COND :
Condition d'application
F :
Force de la règle

La condition COND permet d'exprimer des conditions ne pouvant pas s'écrire en logique modale. Cela sera surtout utile lors de l'implémentation. La force F code << l'importance2.4 >> de la règle, elle a été introduite pour orienter certains choix, nous verrons plus loin à quoi elle correspond.

On notera $\cal L'$ le langage obtenu à partir de $\cal L$ et de $\Longrightarrow$.


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Christophe Delord
1998-09-02